Impressions lémaniques

 

 

« Longtemps ce fut l'été. Une étoile immobile

Dominait les soleils tournants. L'été de nuit

Portait l'été de jour dans ses mains de lumière Et nous nous parlions bas, en feuillage de nuit.

L'étoile indifférente; et l'étrave; et le clair

Chemin de l'une à l'autre en eaux et ciels tranquilles. Tout ce qui est bougeait comme un vaisseau qui tourne

Et glisse, et ne sait plus son âme dans la nuit. »

(Yves Bonnefoy, l'été de nuit)

 

 

« C'est presque au bout du monde,

Ma barque vagabonde,

Errant au gré de l'onde...»

 

Au large de St.-Saphorin, mi-octobre 2004 (Photo:: A. Bizzini)

 

Couchant, juillet 2005

Soir couvert et humide, Dézaley, juillet 2001.

 

Devant Cully, 23 juillet 2005

En bout de ponton. Coudrée au matin, été 2001.

Face aux montages, Epesses, juillet 2005

Lutry, soir de juillet 2001

Cumulus derrière le Mt Pèlerin, depuis le Grand canal, fin juillet 2004

 Pully, devant les feux du 1er août

Fin de l'été 2004, eaux calmes sous le Clos des Abbayes

La Tour de Peilz, octobre 2002

 

Décharge de vapeur, La Tour de Peilz, octobre 2002

 

Vevey, octobre 2004

Glérolles, octobre 2004 (il est des automnes plus lumineux que des étés!)

Couleurs d'automne, Rivaz, octobre 2005

 

Territet, fin octobre 2004

 

Grangettes, fin octobre 2004

 

Draperies de vapeur, Vieux-Rhône, novembre 2002

 

Dans les brumes d'une tombée su soir d'un hiver finissant, vers les montagnes. Mars 2006.

 

Panache de fumée, fin août 2004 au large de Cully

Au large de Lutry, août 2006

Aube , Vevey, octobre 2002

 

Dezaley, 23 juillet 2005

 

La Neptune au large de Clarens, août 2001

Dezeley, août 2005

 

Saule à Glérolles un soir de novembre. Amarré à Glérolles, novembre 2001

Saules à Moratel, fin août 2005

 

Entre petits, été 2004

 

Buchllon, août 2001

 

Vers le couchant, août 2004

 

20 octobre 2003, Corseaux

Au large de Treytorrens, 15 juillet 2005

 

Dezaley, octobre 2002

 

La Tour de Peilz, juillet 2002

Le Simplon au large de Corseaux, juillet 2005

Navigation à la pleine lune, août 2004

 

Lune cendrée au-dessus du Jura, au large de Cully, août 2005

 

Cully, octobre 2003

 

Moratel, octobre 2002.

Cumulus en phase de dégonflement, Montreux, août 2002.

Pully, 1er août 2004

 

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Equipages

 

 

La belle Étoile est fille de Lavaux,

. On adore  lire à bord, aux touffeurs des soirs de juillet, face au saule de la plage d'Epesses,  "Passage du Poète"...

 

"Temps où les jours ne veulent pas finir dans un ciel qui est jaune et vert avec une première étoile.

Elles attendent cette heure-là, et qu'il n' y ait si possible plus personne dans les vignes étant sans bas et sans corset, - rien qu'une robe sur le corps, les pieds nus dans des espadrilles.

Elles tiennent roulé dans le linge leur costume, et s’arrangent pour être quatre ou cinq, sous cette première étoile qui est Vénus, à ce qu'on dit, et ce ciel jaune et vert, ce ciel de deux couleurs, ce ciel comme un drapeau.

Mais il n'y a plus de pêcheurs, il y a que c'est seulement bien lisse, bien tranquille, sur cette belle eau de deux couleurs comme le ciel et elle aussi comme un drapeau. [...] Elles ont été s'asseoir sous le saule. C'est le temps où les jours ne veulent plus finir. Le soleil a attendu tant qu'il a pu avant de nous quitter. Le sable est encore tout habité par lui; il n'y a plus de soleil au ciel, mais il vit encore dans le sable et dans les galets plats où il est, où il se maintient et qui sont brûlants sous les pieds comme des fers à repasser.

Elles lèvent rapidement l'une après l'autre leurs pieds nus, en même temps qu'elles ont encore jeté un regard tout autour d'elles. La baie est là avec la ligne des maisons au fond et les peupliers dont l'image noire retournée est comme des tombereaux de nuit qu'on serait venu vider dans l'eau. Et toujours rien, toujours rien que la baie et l'étoile au ciel, cette seule étoile: alors elles sortent un bras de leur robe, sortent l'autre; - neuf heures, temps où les jours n'en finissent plus, il fait jour encore, il y a encore un reste de jour, -les deux bras, puis les épaules, sous le saule, ne se parlant plus, et silence partout.

Il n'y a qu'une étoile au ciel, mais il y a sur le mont comme si toutes les autres y étaient tombées.

Une première fille s'est avancée; elle a un costume rose. Une deuxième s'avance dans un costume qui semble noir, parce qu'on ne voit plus bien les couleurs. Elles ont été deux, elles ont été trois; la troisième est en chemise. Elles tiennent les bras écartés, à cause des pierres pointues. « Aïe! aïe!» les pierres leur font mal aux pieds. Balançant les bras et puis: « Aïe! » tandis qu'elles vont, sombres contre l'eau pas encore tout à fait éteinte, dans le beau soir et vers la belle nuit, et elles balancent les bras comme le danseur de corde sur sa corde.

L'une d'elles s'est retournée:

- Tu viens, Mathilde ? Dépêche-toi !

 Parce que Mathilde est encore sous le saule, et Mathilde:

- Est-ce qu'elle est bonne?

- Tu n'as qu'à venir essayer.

Alors Mathilde vient à son tour, tandis que les autres se retournent: alors elle est vue autrement, et non plus contre l'éclairage, mais éclairée, avec sa peau qui est d'une couleur, ses bras, ses jambes, son cou, sa tête d'une couleur, son corps d'une autre encore, - qui se hâte, elle, parce qu'on l'attend. "

Ramuz, "Passage du poète".

 

 

Texte de l'affiche du « passage du poète », joué à Morges avril 1991:

« On parle de vignes, de temps qu’il fait, de faillites, de rupture, de garçons épiant les jeunes filles se baignant à la tombée du jour. On ne parle que de choses très ordinaires, mais sous le pinceau de Ramuz, le monde est renversé. Dans ce monde, une fusée descend dans le ciel et monte dans le lac. Un monde où il y a deux soleils ; c’est le Lavaux, mais cela devient partout. Comme dit un des personnages à propos de son vin « il y a tout nous là-dedans ». Il y a tout nous dans ce monde en pleine lumière où Ramuz parle d’un drôle de mot, inouï, rescapé d’infinies tempêtes : fraternité »